Points importants

Passons à l’aspect pratique. Là aussi les vidéos du site Sol’ex donnent toutes les informations nécessaires pour faire les acquisitions du soleil, il y a cependant quelques difficultés auxquelles je me suis heurté et que je vais mettre en avant ici, en espérant que cela puisse aider les débutants dans leurs premières acquisitions et éventuellement leur faire gagner du temps en évitant de refaire les mêmes erreurs que moi !

La mise au point de la lunette

Quand on se retrouve pour la première fois devant l’ordinateur pour faire des images avec Sol’ex, la première chose à faire consiste à amener le spectre du soleil sur la fente du spectroscope. Je vous invite à regarder à ce sujet la vidéo suivante, notamment à partir de 4:00 minutes : https://www.youtube.com/watch?v=8EK1tYrXQ-c. Ici, Christian Buil nous montre comment centrer le spectre solaire dans l’instrument, et ensuite faire la mise au point de l’image. Il y a deux réglages de netteté à faire, d’une part un réglage de mise au point sur la visualisation des raies spectrales qui se fait à partir du focuser hélicoïdal, et d’autre part un réglage sur les bords du spectre solaire à partir de la mise au point du porte-oculaire de la lunette.
Cependant attention, il faut tout d’abord pouvoir effectivement visualiser grossièrement le spectre solaire à l’écran, et pour cela il faut s’assurer dés le départ que l’on se trouve proche de la position de mise au point de la lunette ! Au début j’ai commencé par passer 1 heure à essayer de centrer le spectre du soleil sans jamais y parvenir, avant de comprendre que si je ne le voyais pas à l’écran, c’est parce que la lunette était beaucoup trop défocalisée ! Ma lunette evostar 72 ED étant prévue pour la photographie (comme beaucoup de lunette de courte focale en fait !), la mise au point ne peut être atteinte qu’en ajoutant une longueur suffisante de tube allonge à l’avant de Sol’ex (c’est aussi la cas de la lunette Skywatcher 80/400 par exemple, qui demande l’ajout d’un tube de 40 mm pour permettre la mise au point) !
Donc si vous êtes dans la même situation, que vous ne parvenez pas à faire comme dans la vidéo, à savoir faire entrer le spectre solaire dans la fente de Sol’ex, il se peut tout simplement que vous soyez beaucoup trop loin de la distance de mise au point de la lunette ! Une fois cette distance repérée, notez la (ou faites comme moi, une marque de feutre sur le tube du porte-oculaire…), il sera par la suite beaucoup plus facile d’amener le spectre du soleil sur le capteur de la caméra !

L'orientation du Sol'ex

Un second point important est le positionnement du Sol’ex par rapport à la lunette. Certes, cela est effectivement expliqué dans plusieurs passages dans les vidéos, mais j’avoue être un peu passé à côté. En réalité, ceci est très important, et ce pour plusieurs raisons. Je rappelle que le principe de ces acquisitions solaires consiste à faire défiler le soleil dans la fente du spectroscope, perpendiculairement à l’axe des ascensions droites (axe AD).

(Source site Sol’ex : http://www.astrosurf.com/solex/sol-ex-observation.html)

Pour cela, il faut donc que la fente soit bien perpendiculaire à l’axe AD. Il faut donc, au moment du montage de Sol’ex, le positionner dans le porte-oculaire de façon à orienter la fente correctement, je le répète et j’insiste, bien perpendiculairement à l’axe AD. La première conséquence d’un mauvais positionnement est qu’à la reconstruction de l’image, le logiciel sera obligé de faire d’importantes modifications géométriques de l’image finale, et moins il est obligé d’en faire, meilleure est l’image finale !
Lors du traitement des captures par le logiciel Inti, celui-ci affiche différentes informations à l’écran, et en particulier le « Tilt » qui correspond à l’angle que fait la fente du Sol’ex par rapport à la perpendicularité attendue.

Ici l’angle de tilt est de +9,930. On peut faire mieux…

L’idéal est d’obtenir une valeur la plus proche possible de 0°, ce qui garantit que l’image finale sera la meilleure possible. Par expérience, une angle compris entre -3° et +3° permet d’obtenir de bonnes images, même si, comme le dit Christian Buil, le mieux est d’obtenir un écart de moins de 1°. Il est utile au début de perdre un peu de temps à faire des essais de capture et de traitement, de noter l’angle de tilt obtenu et modifier l’orientation de Sol’ex afin de vérifier le nouvel angle. En procédant ainsi on finit par trouver la position correspondant à un angle inférieur à 1°.

Ici l’angle de tilt est de -2,828. C’est mieux !

J’ai pu constater sur ma lunette qu’en tournant Sol’ex dans le sens des aiguilles d’une montre, je faisais augmenter l’angle de tilt et inversement. En procédant par petites touches, on finit par trouver la meilleure position. J’ai collé de petites étiquettes sur l’instrument et sur le tube porte-oculaire de ma lunette et fait des repères au stylo qui me permettent de remettre rapidement Sol’ex dans une bonne position. Une fois ces points de repères établis, on gagnera énormément de temps lors des prochaines séances d’acquisition.

Des petites étiquettes avec des repères pour l’alignement rapide de Sol’ex…

Il faut enfin remarquer que lorsque la fente est mal orientée, le soleil se déplace le long de celle-ci lors de la capture vidéo. Si la focale de la lunette dépasse les 400 mm (comme pour l’evostar 72 ED dont la focale est de 420), le spectre solaire rentre dans la fente avec une petite marge. Il se peut alors qu’à l’acquisition, le spectre déborde d’un côté de la fente et au traitement final, il manque un morceau du soleil, ce qui, vous l’avouerez, est quand même dommage !

Ici une belle capture du soleil du 30 octobre 2022.
Malheureusement incomplète car j’avais mal centrée le spectre solaire sur la fente …

Ceci se voit bien à l’écran : quand on déplace la monture dans la direction Nord-Sud, on peut observer que le bord du spectre solaire devient net et parfaitement rectiligne. En réalité, le bord n’est jamais parfaitement droit et net, en particulier à cause de la turbulence de l’air. Donc si on observe un bord rectiligne, c’est qu’en réalité on voit le bord de la fente plutôt que celui du soleil. Il faut alors recentrer le spectre sur la fente.

Le balayage avec la monture

Le dernier point critique concerne le balayage du soleil en ascension droite. Je contrôle ma monture avec EQMOD et réalise le balayage en pilotant la monture ainsi, mais ceci peut-être fait avec la raquette de la monture. Il est important ici de connaître le comportement de sa monture (en clair là encore, de faire des tests d’acquisitions pour voir ce qui fonctionne le mieux).
D’une part, Christian Buil montre que l’équilibrage de la monture peut avoir une influence sur l’image finale. Malgré l’utilisation d’une excellente monture équatoriale, il nous montre qu’un mauvais équilibrage peut avoir des conséquences négatives sur l’image, en provoquant par exemple des oscillations visibles sur le résultat final !

Un équilibrage inadapté produit des oscillations sur l’image finale
(Source site Sol’ex : http://www.astrosurf.com/solex/sol-ex-observation.html)

Ensuite, il faut adapter la vitesse de balayage en fonction du temps d’exposition de la caméra et de la focale de son instrument. Lisez à ce sujet la partie 3 de cette page : http://www.astrosurf.com/solex/sol-ex-observation.html qui vous montre le calcul à effectuer pour choisir l’exposition et la vitesse théoriques à utiliser avec votre matériel. Il faudra ensuite partir de ces valeurs et éventuellement les modifier en fonction des premiers résultats obtenus. Dans mon cas, j’effectue un balayage à 8x la vitesse sidérale et le temps d’exposition avec ma ZWO 1600 Pro est réglé à 9 ms. Ici aussi, le logiciel Inti vous donne des informations pour améliorer vos paramètres.  La valeur Scaling SY/SX doit être la plus proche possible de 1. Si elle est supérieure à 1, la vitesse est trop rapide et cette situation est fortement déconseillée car le logiciel va être obligé d’extrapoler pour reconstruire l’image finale.

Ici la valeur Scaling SY/SX est de 1,472. Ce n’est pas idéal !

L’image brute (raw) créée par Inti, avant application des traitements, ressemble alors à ça. C’est une situation à éviter !

Inversement, si Scaling SY/SX est inférieure à 1, il faut augmenter cette vitesse. Il est cependant préférable d’être dans ce cas-là. Plus la valeur sera proche de 1, plus l’image sera quasiment ronde à l’acquisition et moins cela oblige le logiciel à faire de manipulations géométriques, ce qui est toujours préférable.

Ici Saling SY/SX est égal à 0,739. C’est préférable !

L’image brute est alors orientée ainsi…

Le dernier point concerne le sens du balayage, qui peut se faire soit d’Est en Ouest soit dans le sens inverse. Selon les montures, il se peut qu’un sens soit meilleur que l’autre, et là aussi quelques essais vous montreront ce qui est le mieux. C’est le cas de ma monture : si je balaye dans le sens Ouest-Est, mes images sont toujours ratées. Il y a une déformation, comme si la monture avait des ratés au démarrage ou durant la durée du scan !

Voici le genre d’image finale que je peux obtenir en balayant d’ouest en est avec ma monture…

Inversement, si je scanne dans le sens Est-Ouest, les images sont toujours bonnes ! Bref, j’imagine que la mécanique de la monture fonctionne mieux dans un sens que dans l’autre, en pratique ce n’est pas gênant mais il vaut mieux le savoir avant de passer une heure à faire des acquisitions qui ne donneront rien de valable (c’est du vécu…).

D'autres choses à faire encore avec Sol'ex ...

Sol’ex produit des images très détaillées et spectaculaires du soleil dans la longueur d’onde de la raie H-Alpha. Obtenir de telles images avec une modeste lunette astronomique et ce petit instrument est déjà quelque chose de sensationnel !
Ensuite, le logiciel Inti peut produire, à partir d’une même vidéo, des images des protubérances, des taches solaires ou encore une image « Doppler » du soleil qui met en évidence sa rotation.
En changeant l’orientation du réseau de Sol’ex, on peut également capturer des images du soleil dans différentes longueurs d’onde, et ainsi observer notre astre à différentes « profondeurs ». D’autres manipulations plus pointues sont encore possibles, vous les trouverez sur le site du Sol’ex.
Sol’ex étant un spectroscope, il peut être utilisé à cette fin pour faire des mesures en intérieur du spectre de différentes sources lumineuses ou de différents objets comme le montre Christian Buil.
Enfin (et surtout dirais-je, car c’est une partie qui m’intéresse fortement), il peut-être transformé en « Star’ex » par l’ajout d’un petit cube de guidage et se transformer en véritable spectroscope stellaire, pour faire des spectres étoiles. C’est maintenant vers cette évolution que j’essaie de me diriger !

1 réflexion sur “Solexbasefin”

  1. Emmanuel Birollaud

    Bonjour et merci pour le partage d’expérience qui me sera fort utile et qui me permet de mieux comprendre les erreurs que je peux faire. Et merci à Christian Buil pour ce beau projet.

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