La collimation en pratique

Ecrit le 20/11/12.

Dans cet article, on passe à la pratique. Je prends comme base de départ que vous avez lu l’article précédent sur la collimation et donc que vous savez repérer le miroir secondaire, le miroir primaire et le reflet du miroir secondaire quand vous regardez dans le porte-oculaire du télescope…

Quelques moyens de se faciliter la tâche

Si vous ne l’avez pas fait, je vous invite vraiment à vous confectionner un cache coloré comme indiqué à la page précédente, c’est le moyen le plus simple et le plus efficace pour repérer le secondaire.

Ce qu'on voit ==>

Ensuite, lisez bien la notice du télescope pour le réglage du miroir primaire : il y a généralement trois vis poussantes au dos du télescope à dévisser pour libérer le miroir, et trois vis tirantes qui servent à régler le miroir. Dans le cas de mon 200/800 toutes ces vis se tournent à la main, mais il se peut que vous ayez besoin d’un tournevis (c’était le cas sur mon 130/900).

Sur mon télescope j’ai également remplacé les vis de réglage du secondaire par des « Bob’s Knobs » : ce sont des vis munis d’une mollette qui permettent un réglage à la main. Ainsi, on se passe de tournevis ou de clef Allen, ce qui là aussi facilite grandement la tache (Vis « Bob’s Knobs pour secondaire » acheté sur le site de la maison de l’astronomie à Paris).

Bob's Knobs sur le secondaire

Dans mon cas, la collimation du 200/800 se fait donc entièrement sans outil, puisque tous les vis (ceux du primaire comme ceux du secondaire) se tournent à la main, et vu la petite longueur du tube, on peut donc régler les vis manuellement tout en gardant l’oeil à l’oculaire. C’est un gain de temps énorme !

Quels outils utiliser ?

Il existe essentiellement trois outils de collimation : l’oeilleton, le cheshire et le laser.
J’ai testé les trois, le laser pose certains problèmes mais est quasiment imbattable pour faire un réglage instantané en pleine nuit (c’est d’ailleurs son avantage essentiel sur les autres outils), l’oeilleton est le moins précis mais aussi le moins cher (il est d’ailleurs aisé de s’en fabriquer un), et enfin le cheshire est l’outil idéal, car il est permet de régler précisément les deux miroirs. Si vous devez investir dans un seul instrument de collimation, je vous recommande donc fortement le cheshire !

Une collimation « complète » nécessite trois étapes. Dans mon cas, j’utilise un oeilleton pour la première étape et le cheshire pour les deux dernières. Mais généralement seules la deuxième et la troisième étape (voire uniquement la troisième) suffisent. Donc le cheshire permet de faire la collimation « habituelle ».

Oeilleton

Cheshire

Allez, on se lance, c’est parti !

Etape 1 : centrage du secondaire dans le PO avec l'oeilleton

La première étape consiste à centrer le miroir secondaire dans le porte-oculaire. Normalement ceci est fait en usine, on ne devrait pas avoir à y toucher, sauf si on a démonté le secondaire pour le nettoyer ou si on construit son télescope et qu’on doit donc installer le miroir. Cette étape n’est donc à faire que très rarement , car c’est un réglage qui ne bouge quasiment pas. Vérifier le centrage suffit la plupart du temps.

Cette étape peut se faire à l’oeil, mais il vaut mieux utiliser un oeilleton qui permet d’être plus précis. Elle devrait normalement pouvoir être faite également au cheshire, mais sur mon porte-oculaire il n’y a pas assez de recul pour pouvoir l’utiliser, car je ne peux voir entièrement le pourtour du secondaire avec. C’est pour cela que j’utilise l’oeilleton, mais peut-être pourrez-vous utiliser le cheshire avec votre télescope, et dans ce cas-là ce seul outil de collimation vous permettra de faire les 3 étapes.

L’oeilleton placé dans le porte-oculaire, on observe donc le secondaire. Utilisez le cache coloré afin de ne voir que le secondaire. Il y a deux choses à regarder : d’une part le miroir doit avoir une forme ronde, et non elliptique, et ensuite il doit être centré dans le porte oculaire.

Miroir secondaire avec une forme elliptique :

Pas bon !

Si le miroir n’est pas circulaire, cela signifie qu’il est mal orienté autour de son axe. Pour arranger cela, on dévisse la vis centrale du secondaire avec un tournevis. Pour cela, tenir le miroir d’un main et dévisser de l’autre. On dévisse jusque ce qu’il faut afin de pouvoir faire tourner le miroir à la main. Ne dévisser pas complètement sous peine de voir chuter le miroir secondaire !

On fait ensuite tourner le miroir à la main pour qu’il présente une forme circulaire dans le porte-oculaire, puis une fois ceci fait, on resserre la vis.

Miroir secondaire avec une forme circulaire :

C’est bon !

Ce peut être assez pénible, car quand on serre la vis, le miroir a évidemment tendance à tourner. Donc il faut faire en sorte de tenir le miroir d’une main pour éviter qu’il ne bouge, pendant qu’on resserre la vis de l’autre. Il faut souvent s’y reprendre plusieurs fois !

Maintenant, il faut que le miroir soit centré dans le porte-oculaire. Sur la photo ci-dessous, il faut que le cercle jaune du secondaire soit centré par rapport au cercle violet qui représente le bord du porte-oculaire.

Secondaire vu dans le porte-oculaire :

Il faut centrer le secondaire (cercle jaune)
dans le cercle violet (porte-oculaire)

Ne pas s’occuper de ce qui se reflète dans le miroir !

Miroir secondaire vu avec le cache coloré :

Ici c’est plus facile à voir : le cercle jaune (secondaire)
doit être centré dans le cercle violet (porte-oculaire)

Plus on serre la vis centrale, plus le miroir avance vers la sortie du tube, et plus on la desserre, plus il recule vers le fond. Normalement il y a assez peu de marge de manoeuvre sur un télescope du commerce.

Pour le déplacer vers le « haut » ou vers le « bas », il faut agir sur les vis latéraux de réglages du secondaire ou carrément sur les vis de réglage de l’araignée

Le but final est donc que le secondaire soit finalement rond et centré dans le porte-oculaire.

Si je reprends mes schémas, voici ce qu’on voit dans un télescope totalement décollimaté :

Le but de la première étape étant de centrer le secondaire, normalement à la fin on doit donc obtenir quelque chose comme ça :

Ici, le secondaire (jaune) est bien centré dans le porte-oculaire (noir). Les deux autres éléments (primaire et reflet du secondaire) sont totalement déréglés, mais cela n’a aucune importance à cette étape, seule doit nous préoccuper ici la position du secondaire. Les étapes 2 et 3 s’occuperont de régler les autres éléments. Tout cela a l’air bien compliqué (ça l’est un peu clin d'oeil !), mais, je le répète, en réalité cette étape n’est la plupart du temps pas à faire car tout est bien réglé à l’achat, et une fois centré ainsi le secondaire ne bouge quasiment pas. Enfin, si votre miroir secondaire ne vous semble réglé au millimètre près, cela ne doit pas vous empêcher de dormir pour autant … Faites du mieux possible !
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