La collimation en pratique (suite)

Ecrit le 20/11/12.

Etape 2 : orientation du secondaire avec le cheshire

On passe maintenant à la seconde étape, qui est à faire au cheshire.
C’est sans doute l’étape la plus ch…pénible clin d'oeil !! On insère le cheshire dans le porte-oculaire, qu’on ressort au maximum, afin de voir si possible le secondaire en entier. Il faut orienter l’ouverture du cheshire vers la lumière afin d’avoir la vision la plus claire possible. Si vous avez fait la première étape et utilisé le cache coloré, retirez-le.

Le cheshire possède un réticule et, quand on met dans l’oeil dans l’ouverture, on observe alors le reflet de la croix du réticule au centre du reflet du miroir secondaire, tandis que le réticule lui-même se voit comme une croix floue dans le cheshire. Dans cette étape, on va maintenant agir sur les trois vis latéraux du secondaire pour en régler l’orientation. C’est la croix floue qui va nous servir de point de repère !

Il faut alors centrer l’oeillet du primaire au centre de la croix floue du cheshire. Si le miroir est trop loin de la bonne position, il est parfois plus facile de desserrer les trois vis, de positionner le miroir en le prenant à la main puis de resserrer les vis.

Fin de l’étape 2

Normalement, une fois l’orientation du miroir effectuée, celle-ci ne bouge pas trop après… Heureusement puisque c’est assez pénible à réaliser. Ouf, une fois qu’on en est là, le plus dur est fait !

Schématiquement, avant la seconde étape, on a cette situation :

Le secondaire est centré dans le porte-oculaire, mais il est mal orienté, ce qui se traduit par le fait que le primaire est décentré.

A la fin de la seconde étape, on est donc ici :

Le secondaire est centré (résultat de la première étape) et le primaire également (résultat de la seconde étape). Seule le reflet du secondaire est mal placé, ce sera l’objet de la dernière étape.

Etape 3 : centrage du primaire avec le cheshire

La dernière étape consiste à centrer le miroir primaire. Le cheshire étant toujours en place, on va maintenant agir sur les vis tirantes du miroir primaire, afin d’amener l’oeillet du primaire au centre du reflet du miroir secondaire. La croix du réticule qui se voit dans le reflet du secondaire est alors centrée sur l’oeillet du primaire (qui est lui-même placé au centre de la croix floue du cheshire…). Plus facile à voir qu’à expliquer clin d'oeil ! La croix floue est alors superposée avec la petite croix nette qui se voyait dans le reflet du secondaire.

Fin de la collimation

C’est cette étape là qui sera à effectuer le plus souvent, car le miroir primaire a tendance à se dérégler facilement, notamment avec un télescope comme le 200/800. Heureusement c’est la partie la plus facile à faire de la collimation, en particulier avec un système de collimation du primaire qui permet de tout régler à la main.

Schématiquement, avant la troisième étape, on était là :

A la fin, on a donc ceci :

Et voilà, c’est fini ! Le télescope est maintenant collimaté !

Résumé du processus global de collimation en animation

Ce qu'on voit à la fin

Normalement on voit maintenant l’oeillet du primaire qui est centré dans le miroir primaire, qui est lui-même centré dans le secondaire.

Le seul élément qui a le droit de ne pas être centré est le reflet du secondaire. Ceci est normal dans le cas d’un télescope à F/D court comme le 200/800. C’est ce que les spécialistes appellent l’offset. Sans trop rentrer dans des détails techniques, plus le F/D est petit (F/D 5 et en dessous), plus le reflet du secondaire semble décalé, c’est-à-dire qu’il n’est pas concentrique avec les autres cercles que constituent le primaire, le secondaire et le bord du porte-oculaire (avec un F/D plus grand, normalement on voit tout centré).

Cas d’un télescope de petit rapport F/D

On observe que le reflet du secondaire (cercle noir)
n’est pas centré comme les autres cercles.

C’est normal, c’est même nécessaire lorsque le F/D est petit, ce décalage se voit très bien sur mon 200/800.

Note : les deux illustrations précédentes sont tirés du site Astro Babys Guide to collimation (voir la liste de sites internet sur la collimation ci-dessous).

Conclusion

En résumé, beaucoup de choses ont été écrites, mais habituellement, en pratique, la collimation revient à faire uniquement les étapes 2 et 3, le réglage correspondant à la première étape n’étant généralement pas nécessaire sauf en cas de démontage du miroir secondaire.

L’étape deux est la plus pénible à faire, mais une fois le secondaire bien orienté, il ne bouge pas trop souvent normalement.

La troisième étape est la plus facile à faire, mais c’est elle que l’on aura à effectuer le plus souvent.

Dernière chose, quand on fait l’étape 2 puis qu’on passe à l’étape 3, il arrive fréquemment qu’il faille à nouveau retourner à l’étape 2 pour régler à nouveau le secondaire, puis on retourne à l’étape 3 etc … C’est normal, surtout si le télescope est très décollimaté au départ. Donc il y a rien d’anormal à devoir répéter le processus étape 2-étape 3 pour arriver à un résultat satisfaisant, les réglages du secondaire et du primaire se répercutant l’un sur l’autre. Le but est d’affiner petit à petit les réglages en répétant le processus, jusqu’à obtenir le résultat souhaité !

En conclusion, je dirais surtout, pas de panique !! En effet :

– le processus de collimation est finalement relativement simple à comprendre, il faut surtout bien prendre le temps de comprendre de quoi on parle
– la collimation du télescope, quand on la fait régulièrement, ne prend que quelques minutes (voire une minute !) : ce qui prend 3 paragraphes à expliquer se fait généralement en quelques secondes (j’exagère à peine !)
– je me répète encore, mais globalement la collimation consiste à répéter essentiellement les étapes 2 et 3, l’étape 1 étant très rarement à faire (et jamais sur un instrument neuf normalement)
– enfin, et là aussi je me répète, je vous conseille fortement l’utilisation d’un cheshire pour la collimation et la fabrication du cache coloré pour le repérage du secondaire.

Quelques références internet sur la collimation :

  • Comment régler son télescope avec méthode : un article de Bruno Salque sur le site webastro, qui ne parle pas directement du processus de collimation en lui-même, mais qui explique le processus général de réglage d’un télescope. Très instructif, en particulier pour le paragraphe 3.3 et les petits schémas qui correspondent à l’étape 1 de la collimation, et qui permettent de bien comprendre le placement et le centrage du secondaire dans le porte-oculaire.
  • Astro Babys Guide to collimation : pour moi, c’est mon site de référence sur la collimation du Newton… mais il est en anglais ! (Faites comme moi : imprimez le PDF, et avec quelques connaissances basiques en anglais et un dictionnaire à portée de main, on s’en sort très bien !). L’auteur a un télescope à F/D 4 comme le mien, il utilise un oeilleton et un cheshire pour le réglage comme moi, les photos et schémas sont très clairs… Bref, ma référence (je l’ai déjà dit ??).
  • Collimation au cheshire : le site de Denis Bergeron sur la collimation au cheshire. Cette page est excellente, en particulier grâce aux excellentes photos qui illustrent l’article et montrent clairement ce qu’on voit dans le porte-oculaire avec le cheshire à chacune des étapes de collimation. C’est grâce à ce site que j’ai vraiment compris comment utiliser le cheshire, la notice de celui-ci ne m’ayant jamais beaucoup éclairé (en particulier je n’avais pas du tout compris comment utiliser le cheshire à l’étape 2 de la collimation, jusqu’à ce que je tombe sur cette page).
  • Andy’s Shot Glass : en anglais encore, mais sur cette page on peut visualiser une vidéo montrant les différentes étapes de collimation d’un Newton. Certes donc les explications sont en anglais (cependant relativement compréhensibles pour un néophyte), mais la visualisation de la vidéo permet de bien « s’imprégner » des trois étapes de collimation (Step 1, step 2, step 3 …) et de voir l’évolution de la position des miroirs en fonction des réglages effectués.
  • Guide de collimation : un PDF très complet sur la collimation, avec une première partie très détaillée sur les défauts optiques d’un télescope. Je ne conseille pas aux débutants de commencer par lire ça (enfin, vous êtes libres, vous faites ce que vous voulez, hein clin d'oeil…), mais ce guide permet de compléter ses connaissances sur la collimation une fois les bases acquises, il offre des informations détaillés aux amateurs intéressés par les problèmes d’optique, des aides pratiques à la collimation et peut sans doute constituer une aide très utile aux constructeurs de télescopes personnels. Pointu mais accessible quand même !
  • Collimation du Newton par Nils Olof Carlin : là aussi, une page de référence sur la collimation, abrupte peut-être aussi pour les débutants. A lire une fois qu’on a acquis les bases de la collimation et qu’on a un peu de recul sur ces questions. L’auteur recense précisément les différentes erreurs liées aux défauts de réglage (ou de conception) du télescope, et comment y remédier. Beaucoup de théorie mais qui là aussi reste accessible si on s’accroche un peu !
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