Observer la constellation des Gémeaux

Objets observés :

4 étoiles doubles : Castor, Nu, Dzéta et Delta.

2 amas ouverts : M35 et NGC 2158.

1 nébuleuse planétaire : NGC 2392 (Nébuleuse du clown, ou de l’esquimau).

Introduction :

observation effectuée en février 2006. Les Gémeaux forment une constellation très facile à repérer grâce à ses deux étoiles Castor et Pollux, très brillantes et formant un duo très visible à l’est du Taureau et du Cocher. Peu d’objets sont observables aux petits instruments, on trouvera tout de même quelques étoiles doubles, le magnifique amas ouvert M35 et la drôle de nébuleuse planétaire, NGC 2392.

Du côté de Castor : (carte)

Commençons par la « tête » du jumeau le plus au nord, à savoir Castor, car cette belle étoile brillante est une étoile double très connue, bien qu’assez serrée. Un faible grossissement montre une étoile blanche brillante, mais avec un grossissement de 105x (avec le 8,6 mm), Castor se dédouble en deux étoiles blanches d’éclats assez similaires, très proches l’une de l’autre. On aura avantage à grossir plus (par exemple 158x avec le 5,7 mm) pour mieux voir les deux composantes.

Maintenant, il faut aller « aux pieds » du jumeau, pour repérer les trois étoiles Mu, Eta et 1 des Gémeaux. Ces étoiles forment un trio assez facilement visible, qui va nous permettre de repérer M35, l’un des plus beaux amas ouverts du ciel. Sous un bon ciel bien noir, M35 peut être perceptible à l’oeil nu. Dans tous les cas, il est visible aux jumelles, il ne reste plus qu’à le pointer au téléscope. Sinon, il suffit de suivre les étoiles Mu, Eta et 1 au chercheur, puis de viser un peu au-dessus entre Eta et 1 (donc en-dessous dans le chercheur avec l’inversion). A 28x de grossissement (avec le 32 mm), M35 se repère très facilement tant il est étendu. On peut ensuite le grossir 45x (avec le 20 mm), et là il remplit presque entièrement l’oculaire. C’est un amas donc étendu, moyennement dense, dont on peut voir facilement 60-70 étoiles de toute taille et de tout éclat. C’est vraiment l’un des plus beaux amas ouverts visibles dans un petit téléscope. En périphérie de M35, en bas à droite (et donc en haut à gauche dans l’oculaire), on peut percevoir une petite tache grise floue. Il s’agit en fait de NGC 2158, un amas ouvert qui est très difficile à résoudre au 130, d’où l’aspect de tache grise, typique d’un amas ouvert non résolu.

Pour finir, on repère l’étoile Nu des Gémeaux, visible faiblement à l’oeil nu entre Gamma et Mu, plus près de Mu. Elle se voit assez facilement quand même. Nu est une étoile double très écartée, puisqu’elle est dédoublée dés 28x. On peut la grossir 45x, et on voit une étoile blanche accompagnée d’un petit compagnon qui m’a semblé bleuté.

Du côté de Pollux : (carte)

Allons maintenant du côté de Pollux, pour repérer les étoiles Delta et Dzéta des Gémeaux. Elles sont peu brillantes, surtout par rapport à Castor et Pollux, et aussi Mu et Eta, mais on arrive tout de même à les voir sans trop de difficulté sous un ciel correct. Si on pointe Dzéta à 28x, on trouve une étoile double très écartée, déjà résolue à ce grossissement. En fait, elle est très semblable à Nu, sauf que l’étoile principale est jaune, et la secondaire semble là aussi un peu bleuâtre.

Pointons ensuite Delta, autre étoile double mais beaucoup plus difficile à résoudre, et ce pour deux raisons : d’une part elle est beaucoup plus serrée, et d’autre part il y a une importante différence d’éclat entre les deux composantes (l’étoile principale est de magnitude 3,5 contre un peu plus de 8 pour la secondaire), ce qui fait que l’éclat de la plus faible est noyé par l’éclat de la plus brillante. Ainsi, Delta est dédoublée à 158x, mais l’étoile secondaire est difficile à distinguer car elle est très pâle et toute proche de son compagnon. Il faut être un peu attentif pour la distinguer au-dessus de l’étoile principale. Par comparaison, Castor offre une distance de séparation de 3,8 secondes d’arc entre ses composantes, tandis que Delta voit ses deux étoiles séparées de 5,8 secondes d’arc. On pourrait donc penser que Delta est plus facile à résoudre que Castor, or c’est le contraire qui se produit car les composantes de Castor sont d’éclat pratiquement similaires. On a donc ici une bonne illustration du phénomène de résolution des étoiles doubles, qui ne dépend pas uniquement de la distance entre les composantes mais aussi de leur éclat respectif.

Pour finir, nous allons chercher un petite nébuleuse planétaire de type stellaire, NGC 2392. Pour commencer, on va pointer Delta à 28x, puis on va chercher l’étoile 63 Gémeaux, car à ce grossissement la nébuleuse est dans le même champ que 63. Quand on pointe Delta à 28x, il faut se déplacer d’un peu plus d’un champ d’oculaire vers l’est (donc à la droite de Delta quand on regarde dans l’oculaire) pour trouver l’étoile 63. Celle-ci se repère car elle forme le sommet d’un triangle isocèle bien visible dans l’oculaire (voir shéma ci-dessous).

Quand on a trouvé 63 dans l’oculaire, on la place à gauche du champ et NGC 2392 se trouve un peu en haut à droite de 63. Avec l’habitude, on la trouve très vite. NGC 2392 est toute proche d’une petite étoile, donc la nébuleuse et l’étoile en question ressemble à une étoile double. Bref, la première étoile double que vous voyez de ce côté-là, c’est notre nébuleuse ! A faible grossissement, on voit que NGC 2392 est beaucoup plus pâle que son compagnon, elle ressemble à une étoile grise et pâle, sans piqué, typique d’une nébuleuse planétaire. Ensuite, en grossissant 105x et 158x, on voit quelques détails de NGC 2392, toujours accompagnée de son étoile. Ses bords sont gris et flous, tandis que son centre est nettement plus brillant. L’utilisation de la vision décalée est très utile. D’ailleurs, la nébuleuse produit un effet « blink » caractéristique : en la fixant directement, elle a tendance à disparaître, et à réapparaître en vision décalée. Voilà, on vient de faire connaissance avec NGC 2392, qui est surnommée la nébuleuse du clown, mais également la nébuleuse de l’esquimau, car dans un gros téléscope ou sur des photos, elle présente différentes plages de luminosité en son centre qui dessinent comme une sorte de visage, que certains qualifient de clown et d’autres… d’esquimau !

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