Traitement des images planétaires (partie 2)
Ecrit le 11/09/2024.
Prérequis pour utiliser Winjupos
Dans le tuto précédent (traitement planétaire partie 1), on a vu comment traiter une acquisition vidéo d’une planète.
Cependant, la vidéo étant limitée dans le temps, on ne peut donc qu’additionner un nombre limité d’images brutes. Avec le logiciel Winjupos, on peut faire une « dérotation » d’images, c’est-à-dire combiner différentes images obtenues à partir de plusieurs vidéos. Le logiciel permet en quelque sorte de compenser la rotation de la planète, et le résultat final est une image plus nette et moins bruitée.
Il faut donc commencer par télécharger Winjupos qui, comme Autostakkert! et Astrosurface, est un logiciel gratuit. Que leurs créateurs en soient grandement remerciés !
Voici le lien : télécharger Winjupos.
Attention cependant au format du nom des images : Winjupos utilise un format particulier. Si vous faites vos acquisitions vidéos comme moi avec le logiciel FireCapture, il faut veiller, avant de commencer les acquisitions, à cocher dans les paramètres de capture la case « Nommage fichier format Winjupos » pour pouvoir ensuite utiliser directement le résultat de vos traitement (issus de Autostakkert! et Astrosurface) dans Winjupos.
Dans ce tuto, je vais donc utiliser 9 images de Saturne du 6 septembre 2024 (issues donc de 9 vidéos), au format .tif, qui ont toutes été traitées une par une en suivant la première partie du traitement planétaire. Ces images sont toutes nommées sous la forme « 2024-09-06-2331_1….tif« , qui est le format Winjupos (2331_1 désignant l’heure TU à laquelle l’acquisition a été faite, c’est-à-dire 23h31 et 1 dixième de seconde, ceci est une information essentielle pour Winjupos comme on va le voir).
L’une des 9 images que je vais utiliser :
Allez, c’est parti, on lance Winjupos !
Mesures des images
Pour commencer, il faut sélectionner dans le menu Programme/Corps Célestes, le nom de l’astre que l’on va étudier, à savoir ici Saturne.
Ce qu’il faut comprendre, c’est que Winjupos fonctionne en utilisant les éphémérides des planètes, c’est pour cela que le programme a besoin de connaître l’heure exacte à laquelle les acquisitions ont été faites, d’où le format de nom particulier des images. Pour toutes les fonctions que Winjupos propose, il faut d’abord commencer par réaliser des mesures des images, mesures dont le logiciel a besoin pour la dérotation.
Pour cela, il faut aller dans le menu Enregistrement/Mesures d’images… et on clique sur le bouton Afficher une image.
On va donc charger la première image de Saturne de notre série de 9 images. Et voici comment se présente l’écran :
On observe la photographie de notre planète et, par-dessus, un gabarit de Saturne.
Pour mesurer notre image, il faut positionner ce gabarit le plus précisément possible sur la planète. Pour cela, on clique sur l’onglet Aju, dans lequel on va pouvoir modifier la taille et la position du gabarit. On utilise pour cela les touches Page Up et Page Down du clavier pour en changer la taille, les touches P et N pour le faire tourner et les touches du clavier pour le déplacer. Il faut prendre son temps pour essayer d’être le plus précis possible, le résultat final dépendant en effet de la précision de ces mesures.
Pour Saturne ce n’est pas trop compliqué car les anneaux nous donnent de bons points de repère pour placer notre gabarit. On peut utiliser les boutons zoom, luminosité ou gamma pour modifier la visualisation et faciliter le placement du gabarit. Bref, quand le placement semble satisfaisant, on retourne sur l’onglet Img et on sauvegarde le résultat en cliquant sur Enregistrer. Le logiciel enregistre, non pas l’image, mais un fichier à l’extension .ims qui contient les données de mesure que l’on vient de réaliser.
Voilà, on vient de mesurer notre première image, il faut maintenant refaire la même manipulation avec les 8 autres. On va donc charger la seconde image de notre série. Normalement, si vous avez fait toutes vos acquisitions avec la même caméra, sans rien changer au cadrage, et traité vos images avec Autostakkert, elles devraient être toutes positionnées de la même façon et la position du gabarit ne devrait pas changer d’une image à l’autre. Donc il va suffire de charger chaque image, de vérifier que le gabarit est effectivement bien ajusté puis d’enregistrer le résultat, ce qui va assez vite finalement. Tout le travail de placement aura été fait une seule fois.
Un petit mot concernant Jupiter, sachez que si vous traitez des images de cette planète, vous trouverez dans le menu Contour de l’onglet Aju une fonction très pratique qui s’appelle Positionnement automatique et qui permet, comme son nom l’indique, de placer automatiquement le gabarit (avec éventuellement quelques retouches à faire sur la rotation). Mais cette fonction n’est donc activée que pour Jupiter.
Voilà, le travail de mesure des images est terminée, la suite va maintenant être assez rapide pour obtenir notre image finale !
Dérotation des images
Il s’agit maintenant de se rendre dans le menu Outils et de cliquer sur Dé-rotation d’images.
On va sur le bouton Modifier et on clique sur Ajouter. Là il faut sélectionner les fichiers de mesure que l’on vient de créer pour les importer. Dans mon cas j’ai donc 9 fichiers, correspondant à une durée totale d’acquisition de 35 minutes comme indiqué en bas de la fenêtre dérotation.
Il y a un bouton Options sur lequel on peut cliquer, il est conseillé de cocher Optimiser les Mesures d’images et Décalage + Rotation + Taille. Pour Saturne, j’ai aussi coché Dé-rotation des anneaux planétaires même si, au vu de la position de ceux-ci, cela n’a sans doute pas vraiment d’influence sur le résultat final…
On peut aussi sélectionner dans la liste l’image qui nous semble la meilleure et, en faisant un clic-droit dessus, choisir dans le menu qui apparaît l’option Définir comme référence pour l’optimisation pour indiquer que c’est cette image qui servira de référence pour la création de l’image finale.
Il est possible aussi de définir un temps de référence, ou de modifier le coefficient de Pondération pour chaque image en cliquant dans la colonne correspondante. Par exemple, on pourrait ainsi indiquer qu’une image nettement moins bonne que les autres contribue moins au résultat final en baissant son coefficient de pondération… A tester si dans votre série d’images vous en avez de qualités très différentes.
Enfin, après avoir éventuellement modifié le dossier dans lequel vous souhaitez sauvegarder le résultat final et avoir ajouté quelques informations dans le nom de l’image à créer, il ne reste plus qu’à cliquer sur Calculer l’image pour voir apparaître le résultat final.
L’image finale est bien moins bruitée que les images individuelles de la série et montre un peu plus de détail, c’est déjà un premier résultat encourageant.
On peut cependant distinguer à gauche quelques points brillants sur le bord de la planète, et un « effet de rebond » sur le globe. Il faut généralement abaisser le coefficient AB de chaque image, dont la valeur par défaut est de 1, pour faire disparaître ou minimiser ce genre d’effet. Il faut aller pour cela sur la case AB-Coeff. (sur la toute première ligne de la liste) : en cliquant on fait apparaître une double flèche et on clique sur la flèche du bas pour abaisser la valeur du coefficient AB, par exemple dans mon cas je l’ai descendu à 0.70.
On clique à nouveau sur Calculer l’image et le résultat est cette fois bien meilleur, le limbe apparaît plus naturel et l’effet de rebond a disparu. Il faut donc jouer avec ce coefficient jusqu’à obtenir une image « naturelle » de la planète.
On peut également changer la taille de l’image pour obtenir un résultat à son goût.
Finalisation dans Astrosurface
Si le coeur vous en dit, il ne faut pas hésiter à retourner faire un petit tour dans Astrosurface pour éventuellement peaufiner l’image finale ainsi obtenue, par exemple pour en modifier l’orientation et essayer d’en accentuer encore quelques détails.
Pour donner un aspect « sérieux » à votre travail (et d’ailleurs il peut toujours être utile de conserver la référence d’une image que l’on a réalisée), je suis la méthodologie employée par mon camarade Simon. Dans Winjupos, on va dans menu Outils et on clique Calcul des éphémérides... On va ensuite choisir l’onglet Ephémérides, puis cliquer avec le bouton droit sur la case grise « Système … » : apparaît alors un petit sous-menu avec Copie de UT et MC dans le presse-papier. On clique bien évidemment dessus et on a ainsi copié les références des éphémérides de notre image.
De retour dans Astrosurface, et après y avoir chargé notre image finale, on va dans le menu Edit et on clique sur Add Text : dans la fenêtre qui apparaît, on va remplacer le texte écrit par celui que l’on a copié. On peut le mettre en forme, rajouter des informations, comme par exemple le matériel utilisé pour l’acquisition et quand c’est fini, on fait un double-clic dans l’image pour y positionner notre texte et on clique sur OK.
Voilà qui donne un petit côté scientifique et informatif à notre image !
On en a donc terminé avec notre traitement planétaire, et comme je l’ai déjà dit, il ne me viendrait plus à l’idée maintenant de traiter mes acquisitions sans passer par la dérotation de Winjupos ! Ce dernier logiciel est d’ailleurs plein de ressources, puisqu’il permet de créer relativement facilement des animations de la rotation des planètes, vous pouvez voir à quoi cela ressemble par exemple sur cette page…
Ceci fera peut-être prochainement l’objet d’un nouveau tutoriel…